Le gemmail, rien que son nom intrigue ! Ce n’est pas une adresse mail comme on pourrait être tenté de le croire… Le gemmail aurait plutôt
des liens avec l’art. Pour en savoir davantage, filons à Montrésor.
Direction la Halle des Cardeux, en plein cœur de ce village labellisé parmi « les plus beaux villages de France ». Au
rez-de-chaussée de cette édifice du 18ème siècle un panneau renseigne sur l’origine de cet art : c’est la contraction de deux mots « gemme » pierre précieuse et
« émail » -le liant qui sert à les assembler- qui lui a donné ce nom.
Le gemmail est un art conçu
au xxe siècle, proche du vitrail, utilisant la superposition de fragments de verre dont la forme est déterminée par la main de l’artiste, où, grâce à la transparence, la lumière vient traverser la
couleur.
Le gemmail a été inventé par le peintre Jean
Crotti dans les années 1930 en collaboration avec Roger Malherbe-Navarre. En 1939, Jean Crotti crée le mot-valise gemmail en fusionnant les termes gemme et émail. Après les difficultés dues à la Seconde Guerre mondiale, il reprend son activité en 1945 et la cède à Roger Malherbe-Navarre au début des années 1950.
Les quais de la station de métro parisien Franklin D. Roosevelt (anciennement Marbeuf) furent décorés de gemmaux de 1957 à sa rénovation en 2007. Des compositions originales
voisinaient avec des adaptations d'œuvres d'après Edgar Degas, Paul
Cézanne, Georges
Braque, Pablo Picasso et des
images publicitaires. Un défaut d'étanchéité causa leur empoussièrement intérieur au cours des décennies jusqu'à leur dépose.
Des œuvres d’art originales en gemmail ont été exécutées par Pablo Picasso entre 1954 et 1956 : elles ont
été exposées à New York au Metropolitan Museum of
Art en 1959, à l'Institut d'art de Chicago en 1960, à Paris à la galerie Charpentier en 1964, à Hakone au musée en plein air en 1970.
René Margotton en réalisa sur le thème des apparitions dans la basilique Saint-Pie
X de Lourdes, où 20 pièces ont été exécutées
entre 1989 et 1993.